Brûlant secret de Stefan Zweig

J’ai choisi aujourd’hui de vous parler de « Brûlant secret », de Stefan Zweig, paru en 1911.

 

En résumé, c’est l’histoire d’un garçon de 12 ans, Edgar, qui séjourne dans un hôtel seul avec sa maman. Un baron, en vacances dans le même hôtel, entreprend de séduire la mère d’Edgar, en se montrant attentionné envers le jeune garçon. D’abord aux anges de cette amitié improbable avec un adulte, Edgar se rend vite compte de la tromperie du baron, qui voulait ainsi se lier plus facilement avec sa mère ».

 

Ce que j’ai trouvé formidable à travers ce livre, c’est comment l’amour d’Edgar pour sa mère et pour ce baron qui veut être son ami, se transforme en haine sous l’effet de la trahison.

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Holly, une fleur de Bach très sensible

Cette histoire illustre parfaitement la fleur de Holly, le houx. Holly est une émotion de colère pleine de mauvais sentiments tels la haine, l’esprit de vengeance, la jalousie, la suspicion. « Je veux te faire mal à la hauteur de ma souffrance ».
Nous voyons à travers ce récit que la haine prend sa source d’une souffrance, d’un profond chagrin, et c’est bien pour cela que le Docteur Bach a placé la fleur de Holly dans le groupe d’état émotionnel de l’hypersensibilité.

Je vous laisse découvrir cette métamorphose à travers cet extrait :

« Il courut vers l’ombre de la forêt où, de justesse, il put encore cacher aux gens le torrent de larmes brûlantes qui lui inondaient les joues.

« Menteurs, crapules, chiens, canailles » – il criait ces mots à pleine voix pour ne pas étouffer. Toute la fureur, la contrariété, l’exaspération, la curiosité déçue, l’impuissance face à la trahison de ces derniers jours, tout ce qu’il avait dû contenir dans son combat d’enfant, dans l’illusion nourrie en lui qu’il était devenu adulte, éclatait dans sa poitrine en torrents de larmes. C’étaient ces derniers pleurs d’enfant ; pour la dernière fois, il s’abandonna à la volupté féminine des larmes. En cette heure de rage impuissante, il noya dans ses larmes confiance, amour, foi en l’autre – tous les sentiments de son enfance.

Le garçon qui retourna à l’hôtel n’était plus le même. C’était un être froid et calculateur. D’abord, il monta dans sa chambre, se lava soigneusement le visage pour ne pas offrir aux deux complices le triomphe d’apercevoir les traces de ses larmes. Ensuite, il se prépara à régler ses comptes. Il attendit patiemment, sans la moindre agitation. »

Puis, dans l’extrait suivant, il laisse éclate franchement sa haine en frappant le baron. On ressent à travers la lecture de ce passage toute la hargne, toute la colère qu’il a accumulées et qu’il décharge à coup de poing dans ce visage qu’il s’est mis à détester.

L’enfant sait qu’il est le plus faible, mais il ne cède pas. Enfin, enfin, le moment si longtemps espéré est venu de se décharger de toute la haine accumulée par son amour déçu. Avec toute sa passion, dans une fureur enflammée, aveugle, acharnée, serrant les dents, il martèle l’autre de ses petits poings. Le baron, entretemps, l’a reconnu, lui aussi est plein de colère contre ce petit espion, ce sournois, qui lui a gâché les derniers jours et fait rater son coup : il frappe sans égard, Edgard halète, mais tient bon, n’appelle pas à l’aide. Ils luttent une bonne minute, sans un mot, acharnées, dans le couloir plongé dans le noir.

Puis, vers la fin de l’histoire, la colère est apaisée et donne naissance à un sentiment nouveau, au soulagement après la tempête, à la possibilité de transmuer la haine en amour.

Extrait :

Un premier pressentiment de la richesse des aspects de la vie l’avait bouleversé de fond en comble ; pour la première fois, il croyait avoir compris que les gens avaient besoin les uns des autres, même quand ils avaient l’air d’être hostiles l’un à l’autre, et que c’était un sentiment très doux que d’être aimé des autres. Il était incapable d’éprouver de la haine ou de la rancœur pour qui que ce soit, pour quoi que ce soit, et même à l’égard du baron, le suborneur, son pire ennemi, il allait jusqu’à éprouver un nouveau sentiment de reconnaissance pour cet homme qui lui avait fait découvrir cet univers des premiers sentiments d’adulte.

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La transformation des émotions

Dans cette nouvelle, Stefan Zweig, nous parle d’une manière remarquable de la colère pleine de haine de Holly ! Comment cette haine est née d’un profond chagrin et comment elle s’apaise et redevient amour à la fin du roman. Edgar est passé d’un amour un peu naïf de petit garçon, à un amour plus  solide et réaliste, certainement moins sensible aux attaques des autres.

Et c’est ce que permet l’élixir de Holly.

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