La librairie de la Place aux Herbes

Aujourd’hui, je vous présente « La librairie de la Place aux Herbes » d’Eric de Kermel,. J’ai eu un grand coup de cœur pour ce « petit » livre. Il est petit par la taille, et il se lit vite mais il est grand par l’humanité qu’il inspire ! En ces temps, cela fait du bien ce témoignage de rencontres vraies et riches entre la libraire et ses clients. Un régal !

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Une vie au futur

A sa lecture, j’ai repéré une pépite pour illustrer la fleur de Clematis (la clématite en français).
Vous vous souvenez de cette fleur ? Son manque d’intérêt pour le présent l’amène à vivre dans le futur en escamotant totalement l’ici et maintenant.

extrait :
 » J’ai mis longtemps avant de savoir vivre au présent, et pourtant, il n’y a pas d’autre temps à vivre que le présent… Le passé est parti, le futur, pas encore là. Si l’on ne vit pas le présent, on ne vit que nos souvenirs et nos attentes, avec le risque de la mélancolie et de la frustration.
Je ne me suis jamais beaucoup attardée sur le passé et n’ai jamais été nostalgique. Mais peut-être n’ai-je pas encore l’âge où la nostalgie pointe le bout de son nez.

En revanche, j’ai longtemps vécu avec comme seul moteur l’attente de ce qui allait advenir. Le dîner avec les amis du lendemain, le prochain week-end où nous pourrions aller à Crozon, le voyage de classe à Vienne que j’organisais pour ma classe de terminale, le jour où j’aurais un enfant, le jour où l’enfant saurait marcher, etc.
Quand advenait l’évènement attendu, insignifiant ou de grande importance, je ne le vivais pas et il était chassé par le projet suivant.

Il ne s’agissait pas d’impatience, ni de boulimie.
J’avais conscience de ce mode de fonctionnement. »

J’adore ! Comme l’auteur a choisi si bien les mots pour nous montrer une Nathalie complètement absente au présent et projeté dans l’avenir !

Son absence au présent est bien précisé : elle est tournée vers le futur et non le passé, la nostalgie qui nous amènerait à une autre fleur, sa cousine si je puis dire, Honeysukle (le chèvrefeuille).

Mais la sensation de ne pas vivre au présent est la même avec le risque de mélancolie, de ne pas s’impliquer dans l’instant et donc de passer à côté de la vie ou bien de rater ce que nous faisons par distraction ou oublier par manque de concentration.

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Distraite et « pas là »

Nathalie n’arrivait pas à vivre au présent, et même si elle se rendait compte de ce travers, il lui était impossible d’être tout simplement là… 

« Très rapidement Nathan (* son mari) avait détecté ce travers et m’avais dit un jour : « j’aimerais bien vivre avec la femme d’aujourd’hui et pas avec celle de demain car il y a toujours un après-demain qui remplacera demain alors qu’il n’y a qu’un seul aujourd’hui, et c’est maintenant ! » 

Parfois il me saisissait entre ses mains en me secouant :

– Ohé Nathalie, tu sais où on est là ? Tu sens le sable sous tes pieds ? Tu vois les bruyères qui deviennent rouges avec le soleil du soir ? »

La personne qui vit l’émotion « Clematis » en négatif ou perturbée, donne l’impression d’être ailleurs… ce qui n’est pas qu’une impression : elles sont bien avec nous physiquement mais réfugiées dans leur esprit, dans leurs rêveries qui les amènent vers une promesse de vie meilleure dans le futur.

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Besoin d’ancrage pour revenir au présent

La personne « Clematis » a besoin d’être ramenée sur terre, ici et maintenant.

Nathan, le mari de Nathalie a trouvé une idée géniale : lui faire dessiner ce qu’elle voit autour d’elle ! Ce passage est extraordinaire quand on la voit réaliser petit à petit de tout ce qui l’entoure et revivre au présent.

Extrait :
« Et puis est arrivé un jour, il y a une dizaine d’années, où il m’a tendu son carnet de croquis, l’a ouvert sur une page blanche et m’a donné son crayon à papier.
– Vas-y, dessine-moi ce que tu vois.


Lorsque Nathan me tendit son crayon, nous étions à Crozon, devant notre bicoque, avec la mer comme horizon.
– Mais je ne sais pas dessiner !
– Peu importe, vas-y !
Je fis un grand trait qui traversa la page et lui tendis le carnet.
– Voilà, c’est la mer.
– C’est bien, mais ce n’est pas tout. Tu ne vois rien d’autre ?
– Ben non. Enfin, si, il y a le phare à droite.
Et je dessinais un phare comme je l’aurais dessiné au jeu du Pictionary.
– Ok, mais encore…
– Ecoute Nathan, c’est tout ce qu’il y a…
– Tu ne vois pas le bateau au pied du phare ?
– Si, bien sûr !
– Alors dessine le bateau. Et les deux voiliers devant la pointe de Dinan ?
– oui, oui.
– Alors dessine-les aussi.
– Et le bosquet derrière la maison, et le muret qui borde la route, et… 

Ce jour-là, Nathan me donna une clé que je n’ai jamais cessé d’utiliser. Non pas celle du dessin car je ne suis vraiment pas douée, mais celle qui permet de ne pas vivre un moment sans l’appréhender avec tous les sens qui me sont donnés.

Je me suis mise non seulement à mieux habiter mon corps mais aussi les lieux et les temps que je vivais.

Aujourd’hui, ce n’est plus un exercice, et je suis complètement à ce que je vis comme à ceux avec qui je vis. »

Voilà Nathalie de retour parmi ses semblables grâce à sa prise de conscience de ce qui est autour d’elle !

L’élixir Clematis a cette même capacité de ramener la personne dans le présent, de l’ancrer et de lui permettre d’être à nouveau active ici et maintenant.

Si vous n’avez pas encore lu ce livre magnifique, allez-y, foncez ! Vous l’adorerez certainement !

Bonne lecture !

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2 réflexions au sujet de “La librairie de la Place aux Herbes”

  1. J’ai lu, même dévoré ce livre. J’ai ressenti beaucoup de tendresse pour Nathalie et son beau projet de librairie. Merci pour ce partage.
    L’idée de votre blog est géniale.

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    • J’ai aussi adoré ce livre et le hasard fait que je vais en Août à Uzès : j’ai hâte de découvrir cette librairie « grandeur nature » ! Merci pour vos encouragements !

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